Règlement de compte

{suite de "Moment de tendresse"}


*Il est sorti avant moi! Je n'y crois pas!*

Je dois avouer que je me sentais un peu vexée qu'il soit parti comme ça. C'était moi qui était censée partir!

*Tu es ridicule. Essaye plutôt de comprendre pourquoi il est parti si vite.*

C'est vrai que je trouvais étrange qu'il ait pris son épée... Je m'approchais de la fenêtre, c'est la qu'il regardait avant de brusquement prendre son épée et partir. Il n'a même pas répondu, une dispute normale durent plusieurs heures entre nous et se finit en silence énervé, où lui et moi broyons du noir dans notre coin.
Je vis Crom, éclairée par les derniers rayons de soleil. La ville en reconstruction baignait dans les rayons orangers, que j'aimais cette ville. Je levais les yeux vers le soleil couchant. Après quelque instants, je tournais mon regard vers les montagnes.
Et là, je compris. Je compris pourquoi Akieg était parti, mais je compris aussi que j'avais définitivement perdu le contact avec Zieg. Son visage était plus fermé que jamais.
Lentement, je sentis une larme coulée sur ma joue. Je restais, appuyée à la fenêtre, incapable de quoique se soit, exepter regarder Zieg. Un mouvement attira mon attention, Akieg, était en train de le rejoindre, il était déjà à mis chemin.
J'eus le pressentiment qu'il fallait que j'y aille aussi.

Je sortis donc en courant de la pièce, après avoir vérifier que mes dagues étaient bien en place. On est jamais à l'abris d'un danger, surtout lorsque l'Ancien Roi et son fils se retrouvent (en comptant la possibilité qu'ils s'entre-tuent).

Akieg n'était pas aussi entraîné que moi je le rattraperai facilement.
En effet, j'arrivais à sa hauteur peu avant son arrivée auprès de Zieg. Je me plaçais légèrement en retrait et saluais Zieg d'une révérence. Je vis alors que naturellement, ma queue et mes oreilles étaient réapparues.

*Etrange, je ne les ai pourtant pas souhaitées...*

Ce lieu...en ce lieu je lui avait demandé sa main il y a près de 1000 ans, en ce lieu j'ai fait ériger sa tombe il y a 752 ans.
Voilà que quelqu'un trouble mes pensées...
Sans daigner me retourner, je reconnait l'aura de ma fidèle gardienne, toujours à mes côtés depuis toutes ces années. Mais je sens que quelqu'un d'autre interfère dans mes rêveries. Cette aura flamboyante, cette fougue contenue, je te reconnaitrai en mille...

"Que puis-je pour toi mon fils?"

Je ne ressens pas le besoin de parler, pas ce soir...

"Taki, fait-moi plaisir et ramène Akieg dans ses appartements, son trvavail de souverain l'attend"

"Hmf..."

Comme toujours, voilà comment finissait les discussions avec son père.
Cependant, il ne s'énerverait pas, pas cette fois. Akieg s'avança alors vers son père et prit la voix la plus calme qu'il pu à cet instant.

"Pardonnez-moi Père, mais il fallait que je vous parle dès ce soir.
Voilà, je souhaiterai..."

Akieg se rendit soudain compte que son père ne l'écoutait même pas, comme à son habitude. A nouveau, le jeune Roi fit son possible pour garder son sang-froid.

"Père, je vous en prie, cela est important pour moi, accordez-moi ne serait-ce qu'une minute de votre temps..."

*Malgré mes efforts pour le comprendre, rien ne change...*

La phrase de Zieg avait claqué comme une sentence. Il ne voulait pas écouter son fils.
Pourquoi tant d'hostilités entre eux?
Et Maître, pourquoi ne me regardez vous pas? Je ne présente plus d'intérêt digne à vos yeux?

*Ne pleure pas, ne pleure pas. Tu es née pour le protéger, pas pour éprouver de l'attachement pour lui, juste le protéger*

Devais-je m'en mêler? Demander à Zieg d'écouter son fils? J'essayais de garder un air implacide. Non, cela ne me concernait pas. Je fermais mon esprit aux paroles d'Akieg, et me concentrait sur les bruits environnants. Je re-rentais dans mon rôle d'Inukami.

Pourtant lorsque Zieg parla, toute ma concentration vola en éclat. J'écoutai avec attention.

"Zeig..." murmurai-je

Je soupirai: pourquoi ne voulait-il pas me laisser seul avec mes pensées?
Il semblait que je n'y couperai pas...
Je me retournai alors vers mon fils, cependant, je ne le reconnut pas.

*Akieg...?Depuis combien de temps ne t'ai-je vu, tu as tant changé...tu me ressembles tellement à présent*

Trêve de sentiments, qu'il en vienne au fait.

"Bien, dans ce cas parle mon fils, mais je ne t'accorde que deux minutes de mon temps, pas une de plus."

Mon regard se posa sur ma gardienne et je lui esquissai un sourire dans l'espoir de la voir me répondre de la même façon. Je ne savait dire pourquoi, mais quelque chose en elle avait changé, quelque chose qui la forçait à s'éloigner de moi peu à peu...

*Il m'a souri... Zieg m'a souri... Ca fait si longtemps*

J'en restai abasourdie. Pour moi le monde s'était arrêté. Il m'avait souri. Je le regardais, et lentement, un petit sourire se forma sur mes lèvres.
J'aurai voulu lui dire à quel point il me manquait, à quel point il comptait pour moi.
J'avais peur de froisser Akieg. Partagée entre les deux. Incapable d'exprimer mes sentiments. J'ai besoin des deux pour vivre.

*Avant, il n'y avait pas de Taki sans Zieg. Maintenant, grâce à Akieg, j'ai le sentiment d'exister à part entière, mais je m'éloigne de Zieg...*

C'est plus fort que moi, il faut que je le dise, j'espère qu'Akieg n'entendra pas. je ne veux pas les perdre.

"Zieg, ne m'abandonne pas.", murmurai-je d'une voix à peine audible, "je vous suivrai partout, j'obéirai à vos ordres, mais je ne veux pas vous perdre"

Malgré tous ses efforts pour ne pas les entendre, les mots de Taki résonnèrent dans sa tête. Il eut beau essayé tant bien que mal de les effacer de sa mémoire il était déjà trop tard, ils y étaient gravés à jamais.
Ainsi elle ne voulait pas le perdre, elle le suivrait quoi qu'il fasse.

*Il suffit!*

Akieg serra les poings et d'une voix claire et puissante il s'exprima

"Père! Que vous l'entendiez ou non, cela m'importe guère, mais je veux épouser Taki. Oui, je veux l'épouser, je l'aime de tout mon coeur et de toute mon âme!"

Pensant ainsi chasser la pensée de son Maitre dans l'esprit de sa bien-aimée, il continua à murmurer

"Oui, je l'aime...je l'aime"

"C...comment?!"

Je restai sans voix, les yeux écarquillés au maximum, les mains tremblantes. Il...l'aimait? Non...non, je ne le permettrai pas!
Ils ne répèterons pas les mêmes erreurs que moi, je refuse de voir mourir des êtres qui me sont chèrs, je refuse de voir mourir celle qui m'a protégé, jamais!

"Non..."

Akieg restait là à me regarder, il semblait ne pas comprendre mes paroles. La rage continuait à monter jusqu'à ce qu'elle éclate tel un volcan des montagnes du sud.
Je descendit une marche de l'autel de ma Reine, calmement. Une fois arrivé à quelques centimètres de mon fils, je levai les yeux vers son visage. J'esquissai à nouveau un sourire mais à l'attention de mon fils qui, sur le coup, semblait heureux de me voir prendre la nouvelle de cette manière. Mais il vit rapidement mon regard changé...en partie lorsque je le saisit par la gorge, le soulevant du sol avec force.

"Jamais tu m'entend?! Jamais je ne t'autoriserai à épouser MA servante! Elle est mienne pour l'éternité et tu n'y peux rien changer!"

Je pouvait voir qu'il avait du mal à respirer et cela ne me dérangeai guère. Il tentait de déserrer l'étreinte mais sa force ridicule ne lui était d'aucun secours.
Pitoyable, était-ce là la puissance d'un mage?

"Est-ce avec ça que tu comptes protéger ta "bien-aimée" Akieg?
Tu me rends malade..."

*Mauvais signe* avais-je pensé lorsque je vis Zieg s'approcher de son fils et lui sourire.

Mon pressentiment fut confirmé quand Zieg saisit son fils à la gorge. Akieg n'avait aucune chance contre la force de son père.
J'aurai du être paniquée, mais bizarrement, je sentis en moi un calme qui m'etait familier... Ce calme qui m'envahit est celui que je devrais toujours avoir. Un calme objectif, non influencé par mes sentiments. Celui d'un Inukami, d'un garde du corps.

Je regardais Akieg se défendre tant bien que mal et étouffé sous l'emprise de son père. Pourquoi Zieg lui infligeait-il cela? Un dialogue, des paroles auraient suffit.

"Est-ce avec ça que tu comptes protéger ta "bien-aimée" Akieg?
Tu me rends malade..." entendis-je Zieg dire.

"Je peux très bien me défendre seule, Zieg. Et tu le sais."

Je m'approchais de lui, sans empressement, calme, et posais ma main sur son bras.

"Lache-le Zieg."

Je l'avais dit sur le ton d'un ordre. Je ne me serais jamais permis en d'autres circonstances. Mais Akieg était en danger, et Zieg n'était plus tout à faire lui-même.

"Le Zieg que j'ai connu, n'aurait jamais traité son fils par cette violence."

Je marquais un instant de poser. Il ne semblait pas réagir. Je continuais.

"Zieg, je te suivrais n'importe où; j'obéirai à ce que tu me demanderas, je te protègerais et combattrais toujours à tes côtés... Mais, pour une fois, c'est moi qui te demande quelque chose."

Je m'arrêtais quelques secondes, ma dernière demande datait de peu avant la mort d'Akiru, quand j'avais demandé à Zieg de ne pas me forcer à avoir un bout de ma pierre d'invocation. Zieg avait consenti, à conter coeur, parce qu'Akiru était de mon côté. M'écoutera-t'il si je suis seule à lui demander?

"S'il te plait Zieg, lache ton fils et écoute-le..." et après hésitation, "moi aussi, je l'aime"

Dans ce moment tragique, je sentis ma queue et mes oreilles se résorber et disparaître, comme si la marque de ma servitude disparaissait d'elle-même quand je m'opposais à mon maître.
Je plongeais mon regard dans les yeux de Zieg, attendant la sentence

"Toi aussi...."

Je me tournai vers ma gardienne

"...toi aussi, tu me rends malade..."

Je lâchai alors Akieg et le lança deux mètres plus loin. Tandis que le mage reprenait peu à peu son souffle, je regardai cette main que Taki avait posé sur moi, une main douce telle qu'Akiru les avait.
Je me mit à caresser ses cheveux roux et l'attira à moi, bien qu'elle fut nettement plus petite que ma Reine, je retrouvai cette sensation exquise que de serrer une femme dans ses bras.
J'avais souhaité qu'elle Le protège toute sa vie, mais à cet instant, je désirai tout autre chose.

*Je te le ferai oublier*

Je saisit alors son menton, relevant son visage vers le mien, le regard déterminé j'observai avec attention ses yeux.

"Tu l'aimes Taki? Mais...tu m'aimes aussi n'est-ce pas?"

Je pouvait sentir son coeur battre soudainement plus vite

"J'ai obéi à ton ordre, à présent j'ose espérer que tu vas accepter ma requête."

Je rapprochai mon visage du sien sous le regard terrifié d'Akieg qui, ne perdant rien de la scène, ne trouvait toujours pas la force de se relever.

"Embrasse-moi..."

Mon rythme cardiaque avait, en une fraction de secondes, brusquement augmenté, quand il me demanda, ou plutôt qu'il affirma, presque, que je l'aimais.
Je ne suivais pas, je ne comprenais pas vers quoi il m'emmenait. Pourquoi du dégoût, il était passé à une subite affection? Pourquoi m'avait-il serrer dans ses bras, alors que l'instant d'avant, je le répugnais? Où m'emmènes-tu, Zieg?
Son visage se rapprocha du mien, toute tremblante, je ne bougeais pas.

"Embrasse-moi"

Je me pétrifiais, incapable de réagir. Mon cerveau était vide de toute pensée. Je sentais mon cœur battre vite, toujours plus vite. Je haletais, je suffoquais. Je n'arrivais pas à détourner mes yeux de ceux de Zieg. Il se rapprochait, je le voyais se rapprocher de mon visage, l'air déterminé. Je sentis la peur monter en moi. Pourtant, je ne bougeais pas, je le laissais se rapprocher, sans parvenir à réfléchir, sans parvenir à rassembler mes pensées et à agir.
Tout se passait lentement, comme si Zieg voulait qu'Akieg puisse graver dans sa mémoire chaque instant fatidique de cette scène.
Je sentis son souffle contre ma peau. Un souffle si chaud, si réconfortant. Dans quelques secondes, ses lèvres toucheraient les miennes, et je restais, toujours pétrifiée. Je sentis l'étreinte de Zieg se resserrer autour de moi et je fermais les yeux à m'en fendre les paupières.

*Akieg, pardonne-moi*

Et puis soudain, à peine eus-je sentis ses lèvres frôlées les miennes que l'image d'Akieg s'imposa à moi.
Non… Non,… Non! C'est Akieg que j'aime! C'est lui qui devrait être en train de m'embrasser! Pas Zieg, pas mon Maître! Pourquoi m'imposes-tu ça? Pourquoi me tortures-tu? J'aime Akieg, accepte-le!

Et avant que nos lèvres ne rentrent tous à fait en contact, je tournais brusquement la tête et je me débattais, comme une folle, comme une enragée, de l'étreinte de Zieg.

Il fallait l'admettre à présent, elle m'avait repoussé. Malgré tout le respect qu'elle avait envers moi, elle m'avait repoussé, laissant à mon fils tout le loisir de me voir me faire humilié par ma Gardienne.
Je la laissai alors s'enfuir de mon étreinte: j'avais échoué, pas même la femme qui m'était la plus fidèle n'acceptait de rester près de moi.
Il ne me restait plus rien, absolument rien.
Qu'il en soit ainsi, je partirai donc seul...

"Je prend ça comme un refus...
Soit, si tu l'aimes, je ne m'y opposerai pas."

Je ne prit pas la peine de relever mon fils qui s'était remit de ses émotions, je le fixai droit dans les yeux, mais la flamme de défi qui y brulait s'était éteinte.

"Epouse-la si tel est ton souhait, tu as ma bénédiction.
Egalement..."

Je me retournai à nouveau vers Taki, toujours sous le choc.

"Je te libère de tes obligations envers ma famille."

Je déposai alors le disque de commandement à mes pieds, puis je me dirigeai vers la tombe de ma Reine, déposant un dernier baiser sur la plaque de granit rose d'où brillait une multitude de grenats incrustés.
Je savais bien que je ne retournerai pas en ce lieu avant fort longtemps, peut-être même n'y retournerais-je jamais.
Le regard perdu dans le vide, je m'approchai du bord de cette falaise abrupte et m'arrêtai à quelques centimètres du vide.

"Protège ceux que tu aimes Akieg, au péril de ta vie.
Pardonne ton père de ne pas avoir été à la hauteur avec ta soeur et toi. Toi aussi Taki, pardonne moi pour mon attitude stupide.
Il est fort probable que je ne vous revoit plus...alors prenez soin de vous tous les deux."

Je semblai retrouver tout à coup la raison ainsi que l'attitude que j'avais avant la perte d'Akiru. Je me retournai une dernière fois vers le couple puis je ferma les yeux. Il était temps de prendre mon envol, il était temps de venger ma Reine.

Je respirai! Zieg m'avait lachée. Encore toute tremblante, je le regardais. Un refus… C'est vrai, je l'avais repoussé, choisissant Akieg, plutôt que lui. J'avais choisi l'amour au devoir. Et à cause de ça Zieg partait.

*Non… il devait en avoir le projet depuis un moment. Mon refus n'est surement qu'un prétexte*

Je l'avais rejeté à jamais. Et lui aussi. Encore hésitante, je ramassais mon disque d'invocation. Libre? A quoi bon? En me rendant ma liberté Zieg m'ôte ma principale raison de vivre. Je regardais Akieg, toujours par-terre. Son père venait de s'excuser, et il ne disait rien. J'avais envie qu'il bouge, qu'il parle à son père, qu'il le pardonne!
J'avais souhaité, pendant longtemps, que ces deux êtres, les dragons les plus importants de ma vie, vivent en paix, en harmonie. Espoir insensé.
Zieg allait partir, peut-être pour toujours. Où irait-il? Dans quel but? Allait-il venger Akiru? Va-t-il mettre fin à ses jours? Je ne comprends pas!! Il part et jamais je ne le reverrai, car je n'étais plus rien désormais pour lui.
Je ne pouvais l'accepter. Le disque serré contre ma poitrine, je m'avanceais vers lui.

"Je n'ai pas obéi à votre requête, me voilà bien punie, vous me rejetez à votre tour, et à jamais. Mais où que vous alliez, je vous trouverais. Disque ou pas disque, je reste votre Gardienne, je vous serai toujours fidèle, mais par ma propre volonté puisque vous m'avez libérée"

Je me reculais, et m'inclinais, avant de me tourner vers Akieg et de lui tendre ma main pour qu'il se relève.

*Dis lui quelque chose! C'est ta dernière chance. Ladon! Faites-lui dire quelque chose avant que Zieg ne parte!"

Akieg n'en revenait toujours pas, tout s'était passé si vite qu'il n'avait rien eu le temps de faire. De la rage il passait par la peur puis par la peine.
Jamais il n'avait vu son père sous ce jour; le choc fut si grand pour le jeune Roi que celui-ci regardait son père partir, leva une main dans sa direction, une larme courant sur sa joue. Akieg prononça des mots qu'il n'avait prononcé depuis bien longtemps. Il y a quelques minutes à peine, il était prêt à le tué si nécéssaire, à présent, il tentait tout pour le rattraper.


"Vous n'allez pas partir...n'est-ce pas Père? Ne me laissez pas seul, pas encore, ne me laissez pas!"

Au fond de lui, il savait pertinemment que le Roi partirait, peu importe sa réaction, peu importe ses demandes et ses pleurs, et pourtant, Akieg ne pouvait s'empécher de tenter de le convaincre.

"Que dira notre Peuple? Qui m'accompagnera lors de notre union?"

L'esprit embué, les yeux emplis de larmes, il se rendit compte que son père avait déjà prit son envol. Akieg couru alors en direction du bord de la falaise et à gorge déployée, il hurla

"PERE!!!"

Il avait réagi. Peut-être pas la réaction à laquelle je m'attendais, mais il avait réagi. J'avais le sentiment qu'il avait enfin pardonné à son père... Mieux vaut tard que jamais.

Je m'approchais de lui. Il hurlait toujours, les larmes aux yeux. Du revers de ma manche, je lui essuyais ses larmes. Il se calma. Je lui souris et le pris dans mes bras. Il tomba à genoux, m'entraînant avec lui. Je tenais sa tête entre mes bras, et lui caressais doucement les cheveux. Je chuchotais des mots de tendresse à l'oreille d'Akieg tandis qu'il pleurait.
J'étais calme. Le départ de Zieg m'était intolérable et pourtant, je n'arrivais pas à verser une larme. Je sentais, j'étais sûre au fond de moi que je le reverrai, la seule lueur de crainte, était dans quel état je le retrouverais.
La tristesse, la sensation d'être abandonnée, rejetée, m'envahissaient. Et pourtant, je tenais le coup.

"Ne t'inquiète pas, murmurai-je, il vaut mieux qu'il soit parti et que tu lui aies pardonné plutôt qu'il soit resté et que tu l'ai haï. Le peuple t'acceptera, tu le diriges déjà, et je suis à tes côtés. Il reviendra"